mercredi 10 août 2011

Résistance : La “Souris blanche” est morte

Les Allemands l’avaient surnommée la « Souris blanche », car chaque fois qu’ils croyaient pouvoir l’attraper, elle avait déjà disparu. C’est une femme d’exception, une vraie héroïne du siècle dernier, qui vient de mourir de vieillesse, quelques jours avant son 99e anniversaire. Nancy Wake, l’Australienne la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, s’est éteinte dimanche dans un hospice londonien, et sa mémoire a été unanimement saluée à travers le monde.
« Nancy Wake était une femme d’un courage hors du commun et dotée de ressources exceptionnelles, dont les exploits audacieux ont sauvé la vie de centaines de personnes au sein des forces alliées et aidé à mettre fin à l’occupation nazie en France », a déclaré lundi le Premier ministre australien, Julia Gillard, rappelant qu’elle avait été « un saboteur et une espionne magnifiquement efficace ». L’ambassadeur de France en Australie a également rendu hommage à cette grande résistante, faite par la France chevalier de la Légion d’honneur, médaillée de la Résistance et trois fois Croix de guerre, compagnon de l’ordre d’Australie, médaille de George de Grande-Bretagne et médaille de la liberté des Etats-Unis.

Destin hors du commun

Née le 30 août 1912 à Wellington, en Nouvelle-Zélande, Nancy Grace Augusta Wake était la petite dernière d’une famille de six enfants. Elle n’avait que deux ans quand sa famille alla s’installer à Sydney, et c’est à 19 ans, après avoir été infirmière, qu’elle prit en main un destin qui allait s’avérer hors du commun. Elle rêvait d’aller à New York, à Londres, à Paris. Un héritage d’un oncle lui permit de réaliser son rêve et elle s’envola donc en 1931 pour Londres, où elle fit des études de journalisme. Puis elle devint correspondante du Chicago Tribune, à Paris. C’est là qu’elle assista à la montée du nazisme en Allemagne, notamment en allant interviewer à Vienne Adolf Hitler. C’est là également qu’elle rencontra son premier mari, un riche industriel français, Henri Fiocca. Tous deux vivaient à Marseille quand éclata la guerre en 1939, et tous deux rejoignirent la Résistance en 1940, aidant de nombreux Juifs à échapper à l’occupant nazi.
Son mari sera arrêté, torturé et tué par la Gestapo en 1943, mais Nancy Wake continua ses opérations de sabotage et d’espionnage, donnant des cauchemars aux soldats allemands chargés de l’arrêter. En 1943, elle gagna Londres via l’Espagne pour travailler au sein des opérations spéciales. Elle sera parachutée en France en avril 1944 afin d’aider à distribuer des armes à la Résistance et de préparer le débarquement en Normandie. Après la guerre, elle continuera à travailler pour les services secrets britanniques en Europe jusqu’en 1957, date à laquelle elle épousera un ancien pilote de chasse britannique, John Forward, avec qui elle ira s’installer en Australie.
Si la Gestapo la surnomma la « Souris blanche », « c’est aussi parce que cette femme était très belle », explique Peter Fitzsimons, qui écrivit sa biographie. « Les Allemands s’attendaient à combattre quelqu’un comme eux : un homme armé, agressif – et elle était tout le contraire. » Mais ce fut une résistante et une espionne sans faiblesses, qui dira à la fin de sa vie : « Pour moi, un bon Allemand était un Allemand mort. Je regrette de ne pas en avoir tué davantage. » Décédée sans enfant, Nancy Wake devrait être incinérée dans l’intimité, avant de voir réalisé, au printemps prochain, son dernier vœu : que ses cendres soient dispersées au-dessus de Montluçon, dans le centre de la France, théâtre de ses actes d’héroïsme en 1944.

http://www.francesoir.fr/loisirs/culture/resistance-souris-blanche-est-morte-125862.html
hebergeur image

Aucun commentaire: