samedi 23 avril 2011

“Villages de marques” : les commerçants sortent leurs griffes

Branle-bas de combat dans les Bouches-du-Rhône ! Depuis que la mairie de Marseille a paru soutenir un projet d’implantation d’un village de marques dans le XIe arrondissement de la capitale régionale, les commerçants du département et la chambre de commerce et d’industrie sont vent debout. Ils réclament à cor et à cri un moratoire sur l’ensemble des projets d’implantation de « villages de marques ». « Nous demandons au préfet de région, explique la fédération Terre de commerces dans un communiqué, la suspension immédiate de toutes les décisions concernant ces villages de marques en commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) tant que la réforme en cours de l’urbanisme commercial n’est pas adoptée. » Terre de commerces, qui rassemble 5.000 adhérents dans les commerces et services de proximité des Bouches-du-Rhône, estime que les « villages » qui regroupent, comme à Troyes, des boutiques proposant des produits de grandes marques à prix dégriffés « auraient un grave impact » sur le commerce des centres-villes. Elle réclame donc que soient menées des études sérieuses avant toute implantation.

« Course à l’échalote »

Son responsable, Laurent Carratu, dénonce en outre « une course à l’échalote » entre les communes où des projets sont annoncés – de Marseille à Aix en passant par Miramas, Aubagne ou Les Pennes-Mirabeau –, dans un département qui compte plus de 3.500 boutiques de vêtements, chaussures et accessoires, et où 200.000 m2 de surface commerciale supplémentaire, soit une hausse de 7 %, sont déjà programmés. Selon lui, l’intérêt financier des collectivités, souvent avancé, pour augmenter les recettes de la contribution économique territoriale (CET), qui remplace la taxe professionnelle, n’est pas un argument. « La CET est basée sur la valeur locative des locaux commerciaux, rappelle-t-il, et il serait plus rentable de faire grimper celle des 3.000 magasins du centre-ville plutôt que de percevoir des taxes sur 100 nouvelles boutiques. » Un avis partagé par Robert Giordana, le secrétaire général adjoint de la Confédération européenne des indépendants (Cedi), qui fustige l’absence totale de consultation préalable et se déclare prêt, au cas où le moratoire ne serait pas instauré, à entrer « en lutte » à ce sujet, dans le cadre d’une campagne à caractère national.

En bref

Une formule controversée
“Prix dégriffés”
Le principe du « village de marques », simple dénomination commerciale des « magasins d’usine », consiste à regrouper des boutiques qui proposent des produits de plus ou moins grandes marques à prix dits « dégriffés ».

Avis très opposés
Perçus comme une nouvelle approche de la consommation, les « villages de marques » sont également dénoncés comme une forme d’imposture commerciale s’appuyant sur des productions de pays à faibles coûts, et provoquant destructions d’emplois et fermetures de commerces classiques.

Deux centres… à Troyes
En France, la ville de Troyes est connue pour avoir deux grands centres de « magasins de marques ».

http://www.francesoir.fr/actualite/societe/villages-marques-commercants-sortent-leurs-griffes-91950.html

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