lundi 22 avril 2013

Audrey Tautou sans cérémonie

Elle a tracé son destin en quelques films cultes. Avec L’Écume des jours, Michel Gondry lui offre encore un rôle sur mesure : Chloé, l’héroïne solaire de Boris Vian. Maîtresse de cérémonie du 66e Festival de Cannes, mademoiselle Tautou se dévoile un peu.

Une tête d’oiseau ébouriffé tombé du nid, un petit mètre soixante, quarante kilos tout habillée, une carrure de garçonnet, des chaussures plates et roses de chez Paul Smith et un pull à rayures qui lui donne l’air de sortir d’un tableau de Soutine : Audrey Tautou ne se résume pourtant pas à cette silhouette de jolie gamine dont la force dramatique est inversement proportionnelle aux mensurations. Mlle Tautou est un mystère. Elle est irréelle, nymphe pâle et brindille désinvolte, née au cinéma en même temps que les premiers romans de Bret Easton Ellis et les disques de Nirvana dans une atmosphère de romantisme grunge. Elle est anachronique. La star française connue partout dans le monde, de Hollywood au Kirghizistan, prend un malin plaisir à se rendre invisible. Passer inaperçue demeure son passe-temps favori. « La célébrité me rend gauche. Je ne m’y sens pas à l’aise », explique-t-elle. Quand elle dit au serveur de l’hôtel Montalembert qui lui apporte son quart Vittel : « Merci monsieur », d’une diction appliquée, avec sa petite moue, ses yeux noirs brillants, son plissement du nez et sa célèbre voix de gavroche, on s’émeut. Comment fait-elle ?

Elle a l'appétit des moments heureux
Tant de fraîcheur dans ces simples mots dits avec l’innocence d’un jeune enfant à qui l’on vient d’apprendre quelques rudiments de politesse ! « J’aime les gens gentils », résume-t-elle. Audrey Tautou a l’appétit des moments heureux. Elle aurait pu être l’actrice des films bucoliques de Jean Renoir. Paradoxalement, on lui a parfois confié des rôles de femme de ménage, d’esthéticienne, de serveuse de bar auxquels elle réussit à transmettre une grande humanité doublée d’une insoutenable légèreté de l’être. Reprenons. Son apparition dans Vénus Beauté, de Tonie Marshall, lui permet en 2000 de remporter le césar du Meilleur Espoir féminin. L’année suivante, sa carrière explose avec le phénomène Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Suivront, entre autres, L’Auberge espagnole, de Cédric Klapisch, Pas sur la bouche, d’Alain Resnais, Dirty Pretty Things, de Stephen Frears, Ensemble, c’est tout, de Claude Berri, sans oublier la consécration de Hollywood avec Da Vinci Code, de Ron Howard, tiré du roman de Dan Brown. Aujourd’hui, la future maîtresse de cérémonie du Festival de Cannes incarne la jeune Chloé de L’Écume des jours, de Boris Vian, adapté par Michel Gondry. C’est l’histoire d’une jeune fille éthérée et fantasque « avec des lèvres rouges, des cheveux bruns et l’air heureux », comme la décrit Vian dans ce livre culte, où l’amour absolu et la musique noire américaine de Duke Ellington triomphent de tout, et où le mot « nénuphar » rime avec « cauchemar ». Interview.

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