jeudi 6 octobre 2011

CE QUE NOS TICS DE LANGAGE DISENT DE NOUS

C'est clair", "Absolument", "voilà…", "Hallucinant", "Grave", "Juste pas possible"…
Ce sont des chevilles qui tiennent le discours, explique un sociologue.
Sans elle, la personne qui parle aurait l'impression que sa phrase est bancale. Le procédé n'est pas nouveau, Balzac s'en plaignait déjà…
Leur prolifération est issue du syndrome télé où le silence est totalement banni : il faut remplir l'espace avec de nombreux mots destinés à prolonger la phrase.
Ces formules sont ensuite reprises, non seulement parce que nous les entendons sans arrêt, mais parce que s'approprier le tic de quelqu'un est une manière d'essayer de lui ressembler.
Les spécialistes de la langue le reconnaissent humblement : la naissance et la mort d'un tic leur restent mystérieuses…
LES DIFFERENTS TICS
- "Je gère" : terme économique qui envahit tous nos propos. Désormais, nous gérons tout : notre budget comme la caisse du chat ou notre dernier échec amoureux.
- "C'est évident", qui renvoie l'interlocuteur à sa stupidité
- "Point barre", qui claque la porte au nez de la personne avec qui on discute.
Pour le psychiatre, Yves Prigent, le tic est un mot paresseux : "Il sert à faire le bruit de la parole, sans en contenir aucune, comme la musique que l'on entend dans les supermarchés, destinée à endormir le client.
La conséquence de ces tics, c'est que la langue s'appauvrit, la vraie communication en pâtit.
Les mots servent à cacher un contenu émotionnel. Aujourd'hui à la place de "je stresse", qui dirait "j'ai du chagrin", "je suis triste" ou "je suis en colère", termes autrement plus engageants pour soi et pour notre interlocuteur.
TIC D'APPARTENANCE / TIC INVOLONTAIRE : DIFFERENCES
Pour le psychanalyste Jean-Pierre Winter, il est nécessaire de distinguer le tic d'appartenance, que toute une époque utilise plus ou moins, du tic involontaire qui trahit une histoire personnelle, sans que son utilisateur n'en ait conscience.
Celui qui commence toutes ses phrases par "c'est vrai" ne doit pas être sûr de ce qu'il dit. Ce tic est là pour balayer ses doutes.
COMMENT SE DEBARASSER DE CES TICS ?
En nous efforçant de diversifier notre vocabulaire. Il faut lire des bons textes, de la littérature, pour éviter de parler de façon stéréotypée. Dire oui quand c'est oui, non quand c'est non, sans y ajouter "quelque part" ni "entre guillemets".
Réconcilions-nous également avec le silence, laissons respirer les phrases pour trouver les mots les plus justes.
Et prenons exemple sur les Argentins. A la question "comment vas-tu ?", au lieu de répondre "ça va", ils répondent non sans humour "Bien, ou tu veux que je te raconte ?"…
SOURCE : PSYCHOLOGIE MAGAZINE
http://legrandmorning.rtl2.fr/2011/09/ce-que-nos-tics-de-langage-disent-de-nous.html

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